> Introduction
La foudre est un phénomène météorologique spectaculaire, la forme de
temps violent qui nous affecte le plus souvent.
>Quelle est la charge électrique de la Terre?
La Terre agit comme condensateur sphérique avec une charge électrique
nette négative d'un million de coulombs. Par contre, l'atmosphère porte une
charge identique opposée (une charge positive).
La résistivité électrique de l'atmosphère diminue avec l'altitude jusqu'à
environ 48 kilomètres (km). À cette altitude, qu'on appelle l'électrosphère, la
résistivité devient plus ou moins constante. Il y a une différence potentielle
d'environ 300 000 volts (V) entre la surface de la Terre et l'électrosphère, ce
qui donne un champ électrique d'une intensité moyenne d'environ 6 volts/mètre
(m) partout dans l'atmosphère. Près de la surface, l'intensité du champ
électrique par beau temps est autour de 100 V/m.
>Pourquoi la Terre est-elle chargée?
L'atmosphère n'est pas un isolateur parfait, donc il y a un petit courant
qui coule entre l'électrosphère et la Terre. Une charge négative s'échappe de la
Terre et s'accumule dans l'électrosphère. Cette charge de beau temps a un
potentiel d'environ 2000 ampères (A). Sans recharge, le potentiel terrestre
serait dissipé en moins d'une heure, mais la foudre accumule de nouveau la
charge négative.
>Combien de coups de foudre y a-t-il par jour?
Il y a quelque 2000 orages dans le monde entier en ce moment. Ces orages
produisent entre 30 et 100 éclairs nuage-sol par seconde ou environ 5 millions
d'éclairs par jour.
>Comment se met en place la charge dans un
nuage d’orage?
Le nuage d’orage classique agit comme un dipôle électrique positif, avec
une région de charge positive en haut d'une région de charge négative. La base
du nuage porte une faible charge positive, faisant une sorte de double dipôle.
La faiblesse de cette charge permet l'utilisation du terme dipôle positif aussi
bien que double dipôle pour décrire un nuage d’orage.
On identifie les trois centres de charge électrique par les lettres p, N, et P.
La région de charge positive du haut du nuage, la région P, comprend la moitié
supérieure du nuage. Au milieu du nuage se trouve la région chargée
négativement, la région N. La région p, de faible charge positive, se trouve à
la base du nuage. Les charges électriques des régions P et N sont
approximativement égales, faisant ainsi le dipôle positif. Malan (1963) a
documenté les régions p, N, et P pour un nuage d’orage typique en Afrique du
Sud. Dans ce nuage, à une élévation de 1,8 km au-dessus du niveau moyen de la
mer, la charge a été mesurée à +10 coulombs à 2 km, -40 coulombs à 5 km, et +40
coulombs à 10 km. Ces valeurs peuvent varier considérablement selon la
topographie ainsi que d'un nuage à l'autre.
>Par quel
processus un nuage devient-il chargé?
Le processus par lequel les nuages d’orage acquièrent une charge n'est
pas complètement compris. Il existe deux théories générales qui expliquent
l'accumulation de la charge électrique nécessaire. Ce sont la théorie de la
convection et la théorie de la gravitation.
La théorie de la convection veut que les ions libres dans l'atmosphère sont
captés par les gouttelettes dans le nuage et sont ensuite transportés par les
courants convectifs dans le nuage, produisant ainsi les régions chargées.
La théorie de gravitation assume que les particules chargées négativement sont
plus lourdes que les particules chargées positivement et que la séparation se
fait par la gravité.

Cette théorie de gravitation exige un processus pour
l'échange d'une charge électrique entre particules de différentes tailles. Une
charge peut être transférée entre particules de différentes formes par des
processus inductifs et non-inductifs. Un de ces derniers, fort prometteur, est
le processus glace-glace, une échange non-inductif entre les cristaux de glace
et les grêlons.
L'efficacité du processus glace-glace réside dans les propriétés
thermo-électriques de la glace. Un défaut cristallin (OH3)+
dans la glace est plus mobile qu'un défaut (OH)- et le nombre de ces
défauts cristallins augmente avec la température. Quand des particules de glace
plus chaudes rencontrent des particules froides, un défaut positif dans la
particule chaude est échangé plus rapidement qu’un défaut négatif dans la
particule froide, donc, la particule froide accumule une charge nette positive.
Alors généralement, un grêlon ou un grain de neige relativement chaud accumulera
une charge nette positive durant son trajet dans une région froide de cristaux
de glace.

Les théories de génération de charge dans les nuages d’orage
demeurent spéculatives. Avec le temps, la popularité de chaque processus proposé
a varié. Il s'agit d'un nombre inadéquat d'expériences en laboratoire et
d'observations de terrain. Il est clair qu'il n'existe pas un seul et unique
processus qui peut générer toute la charge nécessaire sous toutes les
conditions. Par exemple, le processus glace-glace, le plus largement accepté
aujourd'hui, ne peut pas expliquer le phénomène rare de la foudre dans les
nuages chauds. La recherche démontrera probablement qu'une combinaison de
processus en est responsable.
>Pourquoi y
a-t-il de la foudre?
L'accumulation de charge dans un nuage d’orage est une condition
instable. Lorsque le champ électrique créé par l'accumulation est au voisinage
de 3 à 4 kilovolt/cm dans la région de la charge négative du nuage, le percement
électrique de l'air a lieu et la charge est échangée dans le nuage ou au sol.
Cet échange se fait par un éclair.
>Est-ce que la
foudre revêt les mêmes formes ?
Il y a quatre formes de foudre. La foudre interne est celle qui relie
deux points dans le même nuage. Un autre type a lieu lorsqu’une décharge
atmosphérique commence dans le nuage et se termine dans l'air clair. Puis, il y
a la foudre entre nuages qui relie deux nuages adjacents. Enfin, la foudre
nuage-sol prend place entre le nuage et le sol.
Les décharges internes font la redistribution de la charge électrique dans le
nuage. Selon Uman et Krider (1989) plus de la moitié des éclairs dans
l'hémisphère nord sont de cette nature. Les décharges entre nuages et nuage-air
sont moins communes. Mis à part pour l'aviation, ces trois variétés de foudre
ont peu d'impacts sur l'être humain.
La foudre nuage-sol est très commune et bien documentée. Ces éclairs, qui
échangent la charge entre le nuage et le sol, nous affectent beaucoup. La foudre
nuage-sol cause des blessures et des mortalités, dérange les communications et
le transport d'énergie et allume des incendies de forêt. En raison de ces
impacts, elle a fait l’objet de nombreuses recherches.
Une décharge nuage-sol peut transférer soit une charge positive ou une charge
négative, selon son origine dans le nuage. Ceci peut être déterminé par la
polarité du courant dans le coup de foudre. Le tableau suivant fait état de
quelques caractéristiques des décharges nuage-sol positives et négatives.
Tableau 1.
Caractéristiques des décharges nuage-sol positives et négatives
Caractéristiques |
Négative |
Positive |
Fréquence (%) |
90 |
10 |
Courant maximum moyen (kA) |
30 |
35 |
Demi-vie moyenne du courant (microsec) |
30 |
230 |
Nombre moyen de coups
|
3-4 |
1 |
% renfermant du courant de
longue-durée |
20 |
80 |
Il existe aussi des décharges sol-nuage. Ces décharges sont
observées à partir de gratte-ciel comme le Empire State Building, mais on ne les
sépare pas dans la plupart des études.
>Est-ce que la
foudre descend ou monte?
La foudre fait les deux. Un éclair nuage-sol origine d’un nuage, mais il
peut souvent commencer au sol, comme en font foi les structures en branche de
l’éclair dans certaines photographies. La vraie réponse à la question est du
côté du processus impliqué dans un éclair.
L'éclair nuage-sol négatif est composé de trois phases. Il y a le traceur par
bonds, le trait de retour et finalement le traceur de dard.
Le traceur par bonds prend la forme d'une petite parcelle de charge négative qui
suit la trajectoire offrant la plus basse résistance entre le nuage et le sol.
Avançant par bonds de quelques dizaines de mètres de long et d'une durée de
quelques microsecondes, le traceur laisse derrière lui une traînée de gaz
ionisé. Entre chaque bond, le traceur fait une pause d’environ 50 microsecondes.
Il peut se diviser créant ainsi des ramifications.
Alors que le traceur par bonds s'approche du sol, les électrons à la surface du
sol s'éloignent du traceur, laissant une région de charge positive. Des
décharges par effet couronné (des claquages diélectriques atmosphériques aussi
connus sous le vocable de : « feu Saint-Elme »), se forment autour des objets
élevés à la surface et s'étendent vers le traceur. À l'instant où le traceur
entre en contact avec la couronne, un circuit continu est établi entre le nuage
et le sol et un trait de retour puissant est déclenché. Celui-ci se propage en
vague vers le nuage en empruntant la traînée de gaz ionisé laissée par le
traceur par bonds et il recueille les électrons qui se trouvent le long du
parcours.
Suite au trait de retour, l'éclair peut s’estomper mais s'il existe une charge
suffisante dans le nuage, un traceur de dard peut descendre du nuage au sol par
une voie directe. Ce traceur de dard déclenche un deuxième trait de retour.
Il peut y avoir plusieurs traits de retour dans un éclair, en moyenne 3 ou 4, et
on compte en moyenne de 40 à 80 millisecondes entre chaque trait.
>Comment est-ce
qu'on détecte la foudre? Comment sont produites les cartes de foudre?
La plupart des services forestiers et météorologiques se servent du
détecteur de foudre large bande à gâchette magnétique fabriqué par la compagnie
Vaisala – Global Atmospherics Inc. (GAI) de Tucson en Arizona. Le détecteur
détermine l'heure et la position d'un coup de foudre par la triangulation des
données captées par le réseau de magnétogoniomètres. Ces données sont
emmagasinées sur bande magnétique. On peut produire des cartes qui indiquent la
localisation et la polarité des coups de foudre pour une période déterminée.
Le détecteur comprend trois parties : le magnétogoniomètre, l'analyseur de
position et l'unité d'affichage.
Avec son antenne à plateau horizontal et ses deux antennes en boucles
orthogonales, le magnétogoniomètre détecte le champ électromagnétique émis par
le coup de foudre. Les antennes sont sensibles aux bandes spectrales situées
entre 1 kHz et 1 MHz. Le champ émis par le coup de foudre induit un courant dans
les boucles. Il y a un rapport entre le voltage de ce signal et l'amplitude du
champ magnétique qui équivaut au cosinus de l'angle entre l'antenne en boucle et
la direction du coup de foudre. Une comparaison entre les amplitudes des signaux
dans les deux boucles nous permet de déterminer la direction de l'éclair.
L'incertitude de 180 degrés quant à la direction est résolue par l'antenne à
plateau horizontal.
Le magnétogoniomètre peut distinguer entre les décharges nuage-sol et les autres
formes de foudre ou l'interférence par la signature électromagnétique. Quand le
traceur par bonds atteint le sol, le trait de retour produit une augmentation de
voltage très abrupte. Cette hausse sépare le signal d'une décharge nuage-sol de
ceux d’autres bruits électromagnétiques.
Le magnétogoniomètre transmet les données de chaque coup détecté à l'analyseur
de position qui calcule par triangulation la position de l'éclair. Si l'éclair
se trouve sur la ligne de base entre deux magnétogoniomètres, l'analyseur se
sert aussi du rapport entre l'intensité des deux signaux.
Le détecteur de temps d’arrivée est composé de quatre antennes. La direction
d’un éclair est déterminée en comparant le moment où chacune des antennes a
capté un de ceux-ci.
Les récents développements ont permis à ces deux systèmes d’être fusionnés en un
simple senseur appelé IMPACT. |